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Rémunération Des Associés, Fonds Propres Et Trésorerie En Temps De Crise

Rémunération des associés, fonds propres et trésorerie en temps de crise

Ainsi va la crise… le tocsin sonne dans un certain nombre de cabinets qui n’ont pas respecté les règles de prudence basiques de l’équilibre financier dans les métiers de prestations de services intellectuels. Les banquiers exigent l’abaissement des encours de découvert, les associés sont contraints d’envisager des restructurations et parfois de baisser leurs rémunérations. Et pourtant, l’activité n’est pas si fébrile que cela…
Il n’est apparemment pas inutile de rappeler les fondements de l’équilibre financier des cabinets.

Le besoin en fonds (BFR) doit être couvert par le recouvrement clients

Rappelons qu’il existe dans toute structure entrepreneuriale, a fortiori dans un cabinet d’avocats, une « masse d’argent » nécessaire au fonctionnement du cabinet qui correspond à la différence entre les besoins de financement du cycle de production (stocks + créances clients) et les ressources apportées par le crédit fournisseur. Cette masse d’argent immobilisée est appelée « Besoin en fonds de roulement » (BFR).
J’ai souvent entendu les uns et les autres m’indiquer qu’il n’y avait pas de stocks ou si peu dans un cabinet d’avocats. C’est faux, il y a le stock de travaux en cours, autrement dit le stock de prestations fournies et non encore facturées dont le poids financier est représenté par la valorisation au prix de revient des prestations de tous.
En revanche, le crédit fournisseur, dont on peu considérer qu’il représente une ressource de financement, à l’inverse du stock qui est un emploi, est assez faible, l’essentiel des décaissements ou des charges d’un cabinet étant représenté par les salaires, les rétrocessions et les rémunérations des associés. Il n’est donc pas envisageable de « jouer » sur ces variables dont le décaissement est comptant.

Dès lors, la seule ressource de financement disponible et maniable, à l’exception des fonds propres, est le recouvrement clients. Un recouvrement dont on peut estimer qu’il ne doit pas dépasser 30 jours. En effet, 30 jours servent à peine à financer 60 jours de BFR. A titre d’exemple, si nous facturons le 30 avril une prestation initiée le 1er avril avec un recouvrement le 31 mai, nous devons financer 60 jours d’exploitation.

La seule exception à cette règle suppose de correctement émettre des acomptes ou des provisions.
Une facturation régulière est, à cet égard, fondamentale.

Le solde du BFR ne peut être financé que par les fonds propres ou les comptes courants d’associés

Le solde du BFR non financé par le recouvrement client, à l’instar de l’exemple exprimé plus haut, devra donc l’être par d’autres moyens qui, en l’occurrence, sont :

  • Les fonds propres : capital ou réserves
  • Les comptes courant d’associés

Les fonds propres des cabinets d’avocats, on le sait, sont pauvres. Malgré l’essor impressionnant de la SEL, plus de 70% des cabinets français est encore sous forme de SCP et d’association (dans une moindre mesure), dans des régimes soumis aux BNC. Chacun sait ce que signifie cette option en matière de capitalisation de la structure : une impossibilité de doter le cabinet de fonds propres issus de l’affectation des résultats aux réserves, sauf à considérer que le compte courant de chaque associé fera office de réserve. Or en matière de compte courant d’associé, qui donc a déjà payé l’impôt, ou qui va le payer incessamment, il est particulièrement difficile d’imposer un blocage alors même que le revenu est censé être distribué et qu’il est considéré comme acquis.

En bref, le résultat de l’activité étant imposé à l’IRPP, il n’est pas laissé dans la structure.
Il le faudrait pourtant, mais pour une faible partie, celle servant à couvrir le solde du BFR, sauf à ce que le capital ait été constitué en numéraire et conservé.

Les rémunérations des associés doivent intégrer une marge de prudence

On rappelle que dans la majorité des cas, les rémunérations des associés dans les cabinets sont versées en anticipation des résultats de fin d’année des structures.
Face à ces constats et, en particulier, en période de décroissance du chiffre d’affaires, les rémunérations des associés, devraient observer les règles de prudence suivantes :

  • Etre versées par anticipation (du résultat de fin d’année) mensuellement et fixement et non pas par à coups au fil des besoins,
  • Etre calculées sur des bases comprises entre 60 et 80% du résultat N-1 (ou de la rémunération N-1) de sorte à prévoir un abaissement du résultat prévisionnel sans impact sur la trésorerie et partant, laisser en trésorerie le solde du résultat potentiel,
  • Etre encadrées par un système prévoyant la révision sur constat (situation comptable intermédiaire).

Malheureusement, nous faisons le constat fréquent que les rémunérations versées mensuellement sont supérieures aux capacités bénéficiaires des cabinets, créant, d’une part un déficit de trésorerie, d’autre part, des comptes courants négatifs d’associés engendrant de multiples conflits.

La trésorerie négative n’est pas normale

Si l’exploitation était ainsi financée, une trésorerie négative serait parfaitement anormale. Elle signifierait une perte de rentabilité importante qu’il faudrait à tout prix juguler.
Le problème qui est posé actuellement par un certain nombre de structures d’exercice encore approximativement gérées, est qu’elles ne distinguent pas ou plus les problèmes liés à la rentabilité elle-même de ceux liés à l’endettement issu d’un mauvais calcul des rémunérations ou, d’un allongement de leurs délais de règlement clients.

Caroline Neveux

Consultante

Finance et Stratégie
Médiation

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